Vous avez trouvé la maison ou l’appartement de vos rêves. Après des semaines de recherche et de négociations, vous avez enfin signé le compromis de vente. Vous vous projetez déjà, vous avez obtenu votre prêt, contacté des déménageurs… Mais depuis, c’est le silence radio. Le vendeur ne répond plus, repousse sans cesse la date de signature de l’acte authentique chez le notaire. Le rêve vire au cauchemar : le vendeur fait traîner la vente.
Cette situation est aussi stressante que frustrante. Que se passe-t-il ? Le vendeur peut-il simplement changer d’avis ? Quels sont vos droits en tant qu’acheteur ? Heureusement, le compromis de vente est un acte juridique très puissant qui vous protège. Ce guide vous explique, étape par étape, comment réagir et quelles sont les actions à votre disposition pour débloquer la situation ou obtenir réparation.
Les infos à retenir
- 📜 Le compromis de vente vaut vente : Juridiquement, le compromis est un avant-contrat très engageant. Sauf conditions suspensives non réalisées, le vendeur ne peut pas se rétracter. La vente est considérée comme conclue.
- 🤝 Privilégiez le dialogue : La première étape est toujours de contacter le vendeur (ou son agence/notaire) pour comprendre les raisons du retard. Il peut s’agir d’un simple imprévu.
- ✉️ La mise en demeure : Si le dialogue échoue, l’étape suivante est l’envoi d’une lettre de mise en demeure par courrier recommandé, le sommant de se présenter chez le notaire pour signer l’acte authentique.
- 👩⚖️ L’action en justice : En dernier recours, vous pouvez saisir le tribunal pour demander l’exécution forcée de la vente et/ou le versement de dommages et intérêts prévus par la clause pénale du compromis.
Le compromis de vente : un engagement bien plus fort qu’on ne le pense
Beaucoup de gens pensent que seul l’acte authentique signé chez le notaire scelle définitivement une vente. C’est une erreur. L’article 1589 du Code civil est très clair : « La promesse de vente vaut vente, lorsqu’il y a consentement réciproque des deux parties sur la chose et sur le prix. »
Le compromis de vente (ou « promesse synallagmatique de vente ») est précisément ce consentement. Une fois signé et le délai de rétractation de 10 jours passé pour l’acheteur, les deux parties sont légalement engagées. Le vendeur ne peut plus refuser de vendre, sauf si une condition suspensive inscrite dans le contrat ne se réalise pas (par exemple, un problème d’urbanisme grave découvert tardivement).

Votre plan d’action quand le vendeur tarde
Face à un vendeur qui ne donne plus de nouvelles, il faut agir avec méthode, en allant crescendo.
Étape 1 : La relance amiable 📞
Commencez toujours par une approche cordiale. Contactez l’agent immobilier (si il y en a un) et votre notaire. Ils sont les médiateurs naturels. Demandez-leur de relancer le vendeur pour connaître les raisons du retard. Il peut s’agir d’un simple problème d’organisation, d’un document manquant ou d’un événement personnel imprévu. Cette approche suffit souvent à débloquer la situation.
Étape 2 : La mise en demeure par lettre recommandée ✉️
Si les relances amiables restent sans effet après plusieurs semaines, il faut passer à l’étape formelle. Rédigez, avec l’aide de votre notaire, une lettre de mise en demeure envoyée en recommandé avec accusé de réception. Ce courrier doit :
- Rappeler les termes du compromis de vente (date, bien, prix).
- Constater que la date butoir pour la signature de l’acte authentique est dépassée.
- Sommer le vendeur de se présenter à une date et une heure précises en l’étude de votre notaire pour signer.
Cette lettre a une valeur juridique et constitue le point de départ indispensable pour toute action en justice ultérieure.
Le rôle du notaire : le procès-verbal de carence
Si le vendeur ne se présente pas au rendez-vous fixé dans la mise en demeure, le notaire dresse un document officiel appelé « procès-verbal de carence ». Ce document est la preuve irréfutable du défaut du vendeur et il est essentiel pour faire valoir vos droits devant un tribunal.
Étape 3 : L’action en justice, le dernier recours ⚖️
Si, malgré la mise en demeure, le vendeur refuse toujours de signer, vous devez saisir le tribunal judiciaire avec l’aide d’un avocat. Deux options s’offrent alors à vous :
- L’exécution forcée de la vente : Vous demandez au juge de constater que la vente est parfaite et de prononcer un jugement qui vaudra acte de vente. Vous deviendrez propriétaire par décision de justice.
- La résolution de la vente avec dommages et intérêts : Vous demandez au juge d’annuler la vente et de condamner le vendeur à vous verser le montant de la « clause pénale » (généralement 10% du prix de vente) prévue dans le compromis de vente pour dédommager votre préjudice.
De la patience à l’action : faire valoir vos droits d’acheteur
Voir le vendeur de son futur logement faire traîner la vente est une situation très anxiogène. Gardez à l’esprit que le droit est de votre côté. Le compromis de vente est un contrat solide qui vous protège. Dans la grande majorité des cas, un vendeur récalcitrant finit par céder face à une mise en demeure bien formulée par un notaire, car les risques financiers pour lui en cas de procès sont très importants.
Agissez avec méthode : commencez par le dialogue, formalisez par un courrier recommandé, et n’hésitez pas à vous appuyer sur votre notaire et, si nécessaire, un avocat. En agissant de manière structurée, vous mettez toutes les chances de votre côté pour que ce retard ne soit qu’un mauvais souvenir sur le chemin de votre nouvelle vie.
Foire Aux Questions (FAQ) : Vendeur récalcitrant
Le vendeur peut-il vendre à quelqu’un d’autre qui offre plus cher ? 💰
Non, absolument pas. Une fois le compromis de vente signé et le délai de rétractation de 10 jours passé, le vendeur est légalement engagé avec vous. Vendre le bien à une autre personne constituerait une rupture de contrat manifeste. Si cela devait arriver, la seconde vente pourrait être annulée en justice et vous pourriez demander d’importants dommages et intérêts.
Que se passe-t-il si le vendeur décède avant la signature de l’acte final ? 🕊️
Le décès du vendeur ne rend pas le compromis de vente caduc. Les obligations du vendeur (c’est-à-dire vendre le bien au prix convenu) sont transférées à ses héritiers dans le cadre de la succession. La procédure sera certainement retardée le temps que la succession soit réglée, mais les héritiers seront tenus de finaliser la vente avec vous.
Combien de temps peut durer une procédure en exécution forcée ? ⏳
Il faut être réaliste : une action en justice pour forcer la vente est une procédure longue. Selon l’encombrement des tribunaux, cela peut prendre de plusieurs mois à plus d’un an pour obtenir une décision. C’est pourquoi cette option est un dernier recours, et il est toujours préférable de privilégier les solutions amiables et la médiation, qui sont beaucoup plus rapides.
Puis-je simplement annuler la vente et récupérer mon acompte ? 💸
Oui. Face à un vendeur qui refuse de signer, vous n’êtes pas obligé(e) de forcer la vente. Vous pouvez demander en justice la « résolution » (l’annulation) de la vente aux torts exclusifs du vendeur. Dans ce cas, non seulement votre acompte (dépôt de garantie) doit vous être intégralement restitué, mais vous êtes également en droit de réclamer le paiement de la « clause pénale » prévue au compromis, qui s’élève généralement à 10% du prix de la vente.