Les aboiements intempestifs de votre voisin transforment votre jardin en zone de stress. À bout de nerfs, vous avez repéré une solution qui semble miracle : le boîtier anti-aboiement à ultrasons. Cet appareil, qui émet un son à haute fréquence inaudible pour l’homme mais désagréable pour le chien, est-il la solution ?
Si la promesse est séduisante, son efficacité est débattue et, surtout, son utilisation n’est pas sans risque sur le plan juridique. C’est une solution de dernier recours qui peut se retourner contre vous.
Les infos à retenir
- 🤔 Efficacité limitée : L’efficacité est très variable. Certains chiens y sont sensibles, mais beaucoup s’y habituent très vite (le bruit devient un « fond sonore »). Son efficacité diminue aussi avec la distance.
- ⚖️ Un risque juridique pour vous : Utiliser un tel appareil dirigé vers la propriété de votre voisin peut être considéré par un juge comme un « trouble anormal de voisinage ». Vous pourriez être condamné à le retirer et à payer des dommages et intérêts.
- 🐾 Question de bien-être animal : L’émission d’un son aversif en continu peut être considérée comme une source de maltraitance ou de stress pour l’animal, ce qui est légalement répréhensible.
- 🗣️ La seule vraie solution : le dialogue. Aucune solution technique ne remplacera une discussion avec votre voisin, suivie si nécessaire d’une médiation ou d’un constat d’huissier pour faire cesser le trouble à sa source.
Comment ces boîtiers à ultrasons sont-ils censés fonctionner ?
Le principe est simple. Les boîtiers sont équipés d’un microphone qui détecte le son d’un aboiement. En réponse, l’appareil émet un son à très haute fréquence (ultrason), généralement au-dessus de 20 000 Hz. L’oreille humaine n’entend rien, mais le chien, qui a une ouïe beaucoup plus sensible, perçoit ce son comme désagréable et surprenant. L’objectif est de créer une association « aboiement = son désagréable » pour que le chien, par conditionnement, cesse d’aboyer.
En théorie, c’est efficace. En pratique, la plupart des chiens s’y habituent en quelques jours et finissent par l’ignorer totalement. De plus, la portée est limitée et les obstacles (murs, végétation dense) bloquent les ultrasons.
Est-ce légal de « viser » le chien de son voisin avec des ultrasons ?
C’est là que le bât blesse. Vous n’avez pas le droit de créer une nuisance pour en stopper une autre. L’installation d’un appareil qui émet des ondes (sonores ou autres) en direction de la propriété voisine peut être considérée par un tribunal comme un « trouble anormal de voisinage », au même titre que de la musique trop forte ou une lumière braquée chez lui. Votre voisin pourrait vous attaquer en justice pour cela. De plus, les associations de protection animale s’élèvent contre ces dispositifs qui peuvent causer une souffrance ou un stress permanent à l’animal. Vous risqueriez des poursuites sur le fondement du bien-être animal.

Quelles sont les alternatives légales et efficaces pour gérer les aboiements ?
L’appareil à ultrasons est une tentative de régler le problème sans parler à son auteur, ce qui est rarement une bonne idée. La démarche légale est graduée.
➡️ 1. Le dialogue
La première étape est d’aller voir votre voisin. Il n’a peut-être pas conscience de la gêne, surtout si le chien aboie pendant ses absences. Une discussion calme, sans reproches, en expliquant l’impact sur votre quotidien, est indispensable.
➡️ 2. Le courrier recommandé
Si le dialogue échoue, envoyez une lettre recommandée avec accusé de réception. Rappelez-lui les faits (dates, heures des aboiements) et les termes de l’article R1336-5 du Code de la santé publique, qui stipule qu’aucun bruit ne doit porter atteinte à la tranquillité du voisinage par sa durée, sa répétition ou son intensité.
➡️ 3. La conciliation et le constat
Vous pouvez ensuite saisir un conciliateur de justice (démarche gratuite) pour trouver une solution amiable. Si rien n’y fait, vous devrez faire constater la nuisance par des témoignages écrits de plusieurs voisins ou, solution la plus efficace, par un constat d’huissier. Armé de ces preuves, vous pourrez alors saisir le tribunal judiciaire.
L’avis du médiateur de voisinage
« L’appareil à ultrasons, c’est la déclaration de guerre. C’est le signe que la communication est rompue. Et ça ne marche jamais durablement. La seule solution est de recréer du lien. Je dis toujours aux gens : ‘Avant de parler à un juge, avez-vous parlé à votre voisin ?’. Dans 80% des cas, un dialogue constructif, parfois avec un tiers neutre comme moi, permet de trouver des solutions : le voisin peut faire appel à un éducateur canin, installer un collier anti-aboiement (qui est sa responsabilité), ou simplement rentrer son chien la nuit. »
Une fausse solution qui peut aggraver le conflit
L’énervement causé par des aboiements continus est parfaitement compréhensible. Cependant, céder à la tentation d’une solution technique agressive comme le boîtier à ultrasons est un très mauvais calcul. Non seulement son efficacité est douteuse, mais il vous place en position d’illégalité et risque d’envenimer une situation déjà tendue. Le dialogue et les recours légaux sont les seules voies viables pour retrouver votre tranquillité.
Foire Aux Questions (FAQ)
🤔 Le chien de mon voisin aboie quand il n’est pas là, comment lui prouver ?
C’est un cas fréquent. Vous pouvez enregistrer (son) ou filmer (depuis chez vous) les aboiements pour lui faire constater la gêne. Un courrier signé par plusieurs voisins impactés a aussi beaucoup de poids pour lui faire prendre conscience du problème.
🐕 Le collier anti-aboiement est-il plus efficace ?
Oui, car il est directement sur le chien. Cependant, c’est au propriétaire du chien de décider de l’utiliser. Vous ne pouvez en aucun cas lui imposer d’équiper son animal. C’est une solution qu’il doit choisir de lui-même.
👮♂️ Puis-je appeler la police municipale ?
Oui. Si les aboiements constituent un trouble à l’ordre public, de jour comme de nuit, vous pouvez contacter la police municipale ou la gendarmerie. S’ils constatent l’infraction, ils peuvent dresser un procès-verbal à l’encontre de votre voisin.







